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I - les verbes"fà" = faire, "dà" = donner et "stà" = rester au présent de l'indicatif | ||
II - le passé composé | ||
III - la proposition subordonnée conjonctive |
I
Les verbes"fà" = faire, "dà" = donner et "stà" = 1) rester; 2) habiter au présent de l'indicatif
En voici la conjugaison :
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Même s'ils sont tous irréguliers, on voit que les terminaisons sont les mêmes que pour les verbes réguliers, sauf pour la première personne du singulier des verbes stà et dà. Il existe par ailleurs de nombreuses expressions toutes faites utilisant ces verbes. N.B. : pour dire "vivre" dans le sens de "baiter", c'est bien le vebre "stà" qu'il convient d'utiliser : "stà in Bastia" veut dire "il (ou elle) vit à Bastia". L'usage du verbe "campà" comme on l'entend trop souvent est un calque grossier du français et est fautif. |
Les expressions avec le verbe "fà" : |
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fà neciu (di) : "fate neciu d'esse tristi." = faites semblant d'être tristes. |
faire semblant (neciu = n'édƷu) autres versions, selon les lieux : "nece", "neci", "nice", "nici" |
fà casu : "ùn ci facciu mai casu." = je n'y prête jamais attention. | faire attention, remarquer |
fà da ... : "par avà facciu da stututore eppo' dopu ùn la sò." = "pour l'instant, je "fais" l'instituteur et ensuite je ne sais pas." | littéralement : "faire en tant que", donc "faire office de", "faire fonction de", etc. |
(si) face chì : "face ch'ùn vole vene cù noscu." = "et donc il (ou elle) ne veut pas venir avec nous." | synonyme de "ne risulta chì" (bien plus rare), "cusì vene chì". Peut se traduire par "il s'ensuit que". |
fà apposta : "l'ai fatta apposta !" = tu l'as fait exprès ! | faire exprès |
falla finita : "aiò, avà basta ! fatela finita !" = allons, ça suffit maintenant ! Arrêtez-vous !" |
s'arrêter, mettre un terme à ce que l'on fait "falla compia" signifie s'arrêter mais prématurément |
Les expressions avec le verbe "dà" : |
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dà fastidiu : "mi dà fastidiu stu rimore" = "ce bruit me gêne" | "gêner" dans tous les sens du terme, sauf "embarrasser". Il y aussi le verbe "infastidisce". |
dà noia : " mi danu noia i to ghjochi" = "tes jeux m'ennuient" | il y aussi le verbe "annuià" |
dà una
(un') nittata : "ci vole à dà una nittata à a to cammare" = "il faut
faire un peu de ménage dans ta chambre". dà una tagliata : "vogliu dà una tagliata in lu chjosu, chì ci hè u lamaghjone" = "je veux couper quelque peu les branchages dans le jardin, car il y a beaucoup de ronces". dà un' uchjata : "demu un'uchjata à ciò chì si passa culà" = "jetons un coup d'oeil à ce qu'il se passe là-bas". ... |
Type d'expression très courant, qui consiste à utiliser "DÀ + UNA + -TA" pour désigner une action généralement courte ou mineure : "dà un'acconcia" = "arranger un peu", |
dà una tribbia / ghjustra / concia : "l'hà da dà una tribbia, sì !" = "il va lui mettre une rouste, plutôt !" | bien sûr on a les verbes correspondants : "tribbià / ghjustrà / cuncià". À noter que "tribbià" relève du vocabulaire agricole au sens propre. |
Les expressions avec le verbe "stà" : |
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stà à sente : "istatemi à sente." = "écoutez-moi." | "sente" signifie "entendre", et "stà à sente" littéralement "rester à entendre", que l'on traduit évidemment par "ecouter". À noter que "stà à sente" est bien plus courant que son synonyme "ascultà" dans la région considérée, et que de manière étrange, il veut l'auxiliaire "avè". En outre, les pronoms se placent toujours après "stà". |
stà zittu / bassu (-a, -i, -e) : "state zitti !" = "taisez-vous !" | se taire (litt. : rester silencieux) |
stà attente : "ci vole à stà attenti, ùn si sà mai."= "il faut faire attention, on ne sait jamais." | faire attention (litt. : rester attentif). on peut aussi dire : "fà attinzione" |
stà fermu (-a, -i, -e) : "ch'avaranu à stà fermi cusì ?" = "que peuvent-ils bien avoir pour rester immobiles comme ça ?" | rester immobile, ne pas bouger. L'emploi du futur simple ici correspond à l'expression de la probabilité, mais on le verra plus tard. "sarà malatu" = "il doit être malade". |
stà tantu (à) : "ùn hà da stà tantu à parte."= "il (ou elle) ne va pas tarder à partir." | tarder (à) (litt. : rester beaucoup (à) ). On peut aussi dire "tardà" ou" tricà". |
lascià stà : "lascialu stà" | ne pas toucher, déranger, laisser en paix, laisser tranquille |
II
Le passé composé
formation du passé composé |
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aghju
magnatu tutta a carne. = j'ai mangé toute la viande. hà parlatu di u so viaghju. = il (ou elle) a parlé de son voyage. sè andata à Roma. = tu es allée à Rome. semu partuti à 5 ore. = nous sommes partis à 5 heures. emu vistu un tigaru. = nous avons vu un tigre. |
Comme
en français, le passé composé est formé à l'aide des auxiliaires "esse" ou
"avè", puis du participe passé. Comme en français encore, l'accord du
participe passé se fait toujours avec le verbe "esse". En revanche, la
règle est quelque peu différente pour ce qui est de l'accord avec
l'auxiliaire "avè", mais nous le verrons un peu plus loin. Rappelons que pour la formation des temps composés (passé composé et furtur proche notamment), ce sont systématiquement les formes "emu" et "ete" qui sont utilisées pour "avemu" et "avete". |
ùn
aghju micca cummandatu una pizza. = je n'ai pas commandé de pizza. ùn hè micca scimita quantunque ! : elle n'a pas perdu la tête quand même ! ùn ete parlatu à nimu ? = Vous n'avez parlé à personne ? |
Comme on l'a précédemment dit, la négation "entoure" toujours la forme conjuguée du verbe, dans ce cas l'auxiliaire. Cela dit, l'usage de "micca" n'est pas forcément obligatoire; il est même déconseillé voire impossible si un autre terme négatif suit (nimu, nulla, in locu, ...). Mais en dehors de ces cas, dans le doute et dans un premier temps il est préférable de l'utiliser chaque fois. |
anu
fattu bè ! = ils (ou elles) ont bien fait ! ai magnatu bè ? = as-tu bien mangé ? iè, ma aghju magnatu troppu ! = oui, mais j'ai trop mangé ! |
La place des adverbes n'est pas nécéssairement la même qu'en français. En particulier, "bè" et "troppu" vont toujours après le verbe, à l'exception de quelques cas. |
les participes passés : un grand nombre en est donné dans les annexes |
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hà parlatu bè. = il a bien parlé. | la plupart des verbes du 1er groupe (infinitif en -à) ont un participe passé en -atu, hormis certains infinitifs courts qui sont dans ce cas identiques à la première personne du singulier du présent de l'indicatif (cf annexes). |
"hè finitu u tempu chì Marta / Berta filava !" = l'époque où Marthe / Berthe filait est révolu. | tous les verbes dont l'infinitif est en -isce ont un particpe passé en -itu. |
Dans tous les autres cas, mieux vaut se référer aux listes données en annexe. |
question cruciale : le choix de l'auxiliaire (cf Annexes) |
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les verbes voulant l'auxiliaire "esse" : ce sont les verbes qui n'acceptent pas de COD (sauf les verbes correspondant à une action humaine, volontaire ou non), les (vrais) verbes pronominaux . |
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- "esse" est donc son propre
auxiliaire : sò statu malatu. = j'ai été malade. - il en est de même pour tous les verbes d'état : parè, firmà, stà, ristà, ... et leurs composés. - il en est de même pour tous les verbes qui indiquent un changement d'état : cambià, ingrandà, acchjuculisce, imbillisce, inguffisce/inguffà, ingrussà, annirisce, cresce, sparisce, ... - bien entendu, s'ils ont un COD, ces verbes veulent "avè" (cf plus bas). |
même auxiliaire en corse et en français, sauf pour "esse". |
- les verbes qui ont trait au temps qu'il fait veulent tous l'auxiliaire "esse" : nivà, piove, grandinà, tunizà, ... | en français, ces verbes veulent l'auxilaire "avoir" |
- autres verbes voulant tous l'auxiliaire "esse" : custà, incresce, esiste, mancà, ghjuvà, serve, durà, piantà (quand il signifie "s'arrêter"), cumincià, principià, compie, finisce, saltà (dans le sens d'exploser), schiattà, cripà, scuppià, sciuppà, scunciassi, parturisce, vulecci (=falloir), sguillà, sculiscià, prugridisce, rigridisce, piace, dispiace, ... | en français, ces verbes veulent l'auxilaire "avoir" |
- comme en français tous les verbes de déplacement : andà, ghjunghje, vene, parte, cullà, falà, ... | même auxiliaire en corse et en français |
les verbes voulant l'auxiliaire "avè" : ce sont les verbes transitifs, les faux verbes pronominaux (= ceux qui pourraient ne pas se trouver sous forme pronominale sans changer le sens), et les vebres exprimant une action humaine (volontaire ou non). | |
les verbes transitifs : magnà, dumandà, piglià, ... | même auxiliaire en corse et en français |
les verbes exprimant une action humaine, volontaire ou non : ride, pienghje, mughjà, parlà, dorme, saltà, corre, ... | même auxiliaire en corse et en français |
les verbes qui veulent normalement "esse", quand ils sont construits avec un COD : cullà, falà, ghjunghje, cambià, ... | même auxiliaire en corse et en français. Exemples : hà cambiatu l'acqua, anu cullatu a farina, anu ghjuntu e legne, ... |
les faux verbes pronominaux : cumprassi, pigliassi, ... |
sont ainsi appelés les verbes en apparence
pronominaux, mais qui pourraient ne pas l'être sans que le sens s'en trouve
changé : s'hà compru una vittura. = hà compru una vittura. N.B. : l'usage de l'auxiliaire "esse" avec ces verbes n'est pas fautif, même s'il ne s'entend jamais dans la région concernée. |
le cas de "fiascà" et de "riesce" : |
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ùn hè mai riusciutu à piglià u baccu. ou ùn hà mai riusciutu à piglià u baccu. = il n'a jamais résussi à avoir le bac. Notons que dans le 2ème cas, on ne peut plus savoir s'il s'agit d'un homme ou d'une femme. | En théorie, ils veulent tous les deux l'auxiliaire "esse" (sauf quand ils sont transitifs bien entendu), mais dans l'usage l'emploi de l'auxiliaire "avè" est devenu tellement courant (sous l'influence du français) que l'on peut le considérer comme non fautif désormais. |
hè fiascata una volta di più. ou hà fiascatu una volta di più = elle a échoué une fois de plus. Notons que dans le 2ème cas, on ne peut plus savoir s'il s'agit d'un homme ou d'une femme. | |
les verbes "serviles" : sont ainsi désignés les verbes qui n'ont pas d'influence sur l'auxiliaire à utiliser |
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l'hà pudutu truvà. = il (ou elle) a pu le trouver. | c'est le verbe à l'infinitif qui suit qui détermine l'auxilaire à utiliser. |
hè puduta vene. = elle a pu venir. | |
hà vugliutu pruvà. = il (ou elle) a voulu essayer. | même chose, mais notons que pour certains auteurs "hà vugliutu andà à vede" et "hè vugliuta andà à vede" sont tous deux possibles et n'ont en fait pas le même sens : l'emploi de l'auxiliare "esse" signalerait non pas une volonté mais une obligation. Toutefois, au moins dans le village de Marignana, cette distinction semble (semble) absente, et des formes du type "hà vugliutu vene" sont même rejetées par certains locuteurs comme "n'étant même pas du corse". |
hè vugliuta andà à vede. = elle a voulu aller voir. | |
hà turnatu à ghjucà. = il (ou elle) a rejoué. | quand "turnà" a le sens de "recommencer" (et non de "retourner", où il est alors synonyme de "vultà"), il est un verbe servile : l'auxiliaire à employer aux temps composés dépend du verbe à l'infinitif qui suit. |
hè turnatu à cullà. = il est remonté. |
III
La proposition subordonnée conjonctive
Il ne s'agit pas ici d'une leçon à proprement parler, mais simplement de commencer à se familiariser avec certaines particularités.
Il s'agit tout simplement des propositions introduites par des conjonctions de subordination dont nous avons déjà vu quelques exemples : postu chì, datu chì, chì, parchì, quandu, ...
Il n'est pas question de revenir ici sur ces conjonctions, mais simplement de commencer à se familiariser avec une particularité des subordonnées conjonctives en corse : la reprise quasi systématique du pronom personnel et l'inversion fréquente du sujet et du verbe.
Les pronoms personnels utilisés dans les subordonnées (à part les rares cas où ils sont repris dans leur forme entière) sont :
eiu | e (é), o (ò) ou e (é) après "sì" : "s'o vogliu" ou "s'e vogliu" |
tù | tù |
ellu, ella | ellu, ella |
noi | no (nò) |
voi | vo (bò) |
elli, elle | elli, elle |
Voici quelques cas à titre d'exemple : |
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avec "sì": |
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s'ella fala a neve, semu bè ! = s'il neige, nous sommes faits ! | sì a neve fala, semu bè ! : tournure probablement assez rare. |
s'elli ghjunghjenu i to amichi, cumu femu ? = si tes amis arrivent, comment faisons-nous ? | sì i to amichi ghjunghjenu, cumu femu ? : serait moins courant. |
s'ella ci hè una pussibulità, parchè micca ? = s'il y a une possibilité, pourquoi pas ? | pas d'autres possibilités |
faraghju cusì sì tù voli. = je ferai comme ça si tu veux. | pas d'autres possibilités |
faraghju cusì s'ella ti pare (à tè). = je ferai ainsi si tu veux. | pas d'autres possibilités. "s'ella ti pare" est une autre manière (peut-être plus courtoise) de dire "sì tù voli". |
mi dumandu s'ella esiste una cosa cusì. = je me demande si une chose pareille existe. | mi dumandu sì una cosa cusì esiste serait moins courant. |
s'o l'aviu eiu u rindiu ! ou s'e l'aviu eiu u rindiu ! = si c'était moi qui l'avais, je le rendrais ! | |
avec chì : chì s'élide toujours devant une voyelle. |
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vogliu ch'elli ci sianu tutti i 'mpiegati = je veux qu'il y ait tous les employés / que tous les employés y soient. | vogliu chì tutti i 'mpiegati ci sianu. : possible, mais légèrement moins courant. |
aghju sappiutu ch'ella era malata a moglia. = j'ai appris que sa femme était malade. | aghju sappiutu chì a moglia era malata. : possible, mais légèrement moins courant. |
m'anu dettu ch'ellu ùn c'era nimu oghje. = on m'a dit (ou ils m'ont dit ou elles m'ont dit) qu'il n'y avait personne aujourd'hui. | m'anu dettu chì nimu c'era : tournure assez inhabituelle et maladroite, à éviter. |
en revanche : anu dettu ch'ellu ùn c'era vinutu nimu. = ils (ou elles ) ont dit que personne n'était venu. | anu dettu chì nimu c'era vinutu. : dans ce cas, avec un verbe, c'est tout à fait possible. |
avec quandu : avant un pronom autre que "ellu / ella / ..." ou devant un article défini (u, a, ...), on utilise la forme "quand'ì'. Devant un article indéfini (un, una), on a quand'. |
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quand'ellu ghjunghje u patrone, anu tutti a paura. = quand le patron arrive, ils ont tous peur. | quand'ì u patrone ghjunghje, anu tutti a paura. : serait moins courant. |
quand'ellu soffia u ventu, hè megliu à ùn andà in mare. = quand le vent souffle, il est préférable de ne pas prendre la mer. | quand'ì u ventu soffia, hè megliu à ùn andà in mare. : serait moins courant. |
quand'ì tù voli partemu. = quand tu veux nous partons. | pas d'autres possibilités |
avec quantu : avant un pronom autre que "ellu / ella / ...", on utilise la forme "quant'è' |
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ne pudemu piglià quant'è no vulemu. = nous pouvons en prendre autant que nous le voulons. | pas d'autres possibilités |
quant'è tù dormi ! = tant que tu dors ! | pas d'autres possibilités |
quant'ella dice quessa ! = tant qu'elle parle celle-là ! | pas d'autres possibilités |
avec induva / inde : |
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"ùn sapia più ind'è no eramu." = je ne savais pas où nous étions. | pas d'autres possibilités |
"l'avia mandatu una fottò ind'ì tù sè." = je lui avais envoyé une photo où tu es dessus. | pas d'autres possibilités |
1 - Il faut garder à l'esprit que la clarté est primordiale, et si l'inversion du sujet génère une ambiguité, elle ne se fait jamais :
quand'ellu hà chjamatu u
me amicu u duttore, ... = quand'ì u me amicu hà chjamatu u duttore, ...
2 - si la subordonnée est "coupée", interrompue par une précision (autre subordonnée à l'intérieur, locution adverbiale,...), ou bien la phrase se construit "normalement", ou bien on redouble la conjonction "chì" :
sì par una volta vene à salutammi da par ellu = s'ellu vene à salutammi da par ellu par una volta = si pour une fois il (ou elle) vient me saluer de lui-même (ou d'elle-même)
"almenu chì a casa chivi ch'ellu a lasci." = à moins qu'il lègue la maison là-bas.
le cas de "parchì" : dans le cas de "parchì", l'utilisation du pronom personnel sujet n'est pas la règle (même si elle reste souvent possible) et est bien plus rare. |
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parch'elli ùn sò
micca tutti soi i pulloni ! "parchì i pulloni ùn sò micca tutti soi !" |
la 2ème phrase sera la plus fréquante, même si l'autre est possible. |
"parchì anu da fà
una festa." "parchì ci sò e vitture." |
souvent avec "parchì", le sujet n'est pas repris. |