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I
Les verbes du 2ème groupe au présent de l'indicatif
Voici la conjugaison du verbe "mette/messu" (m'étè/m'èsu) = mettre/mis au présent de l'indicatif :
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On rappelle que les verbes du 1er groupe sont ceux dont l'infinitif est en -à. Voyons maintenant ceux du 2ème groupe : - leur infinitif est en -e. L'accent tonique ne tombe jamais sur ce -e final mais sur l'avant-dernière syllabe. - leur participe passé est très irrégulier, et plutôt que de faire des listes par "famille de participes passés", on donnera systématiquement avec chaque verbe le participe passé sous la forme "mette/messu" (m'étè/m'èsu) - les terminaisons sont très semblables à celles du 1er groupe : -u, -i, -e, -emu, -ite (le plus souvent) ou -ete, -enu. - les verbes qui "font" -ete ou lieu de -ite à la 2ème personne du pluriel sont "vede/vistu" (v'èrè/b'istu) = voir, "valè/valsutu" (bal'è/bals'udu) = valoir, et aussi "vulè", "pudè" que nous verrons plus tard en tant que verbes irréguliers. On a déjà vu "avè/avutu-utu" (aw'è/aw'udu-'udu) = avoir par ailleurs. ("utu" est une forme contractée du participe passé "avutu" que l'on entend quelquefois) On remarque aux deux 1ères personnes du pluriel la transformation de -e- en -i-, due comme on le sait au fait que l'accent tonique portait sur ce même -e- et qu'il s'est déplacé suite à l'allongement de la terminaison. À la troisième personne du pluriel, il ne se déplace pas, et le -e- demeure.
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- la règle qui préside
à l'apparition d'un infixe -g- entre le radical et la terminaison à la 1ère
personne du singulier (et à toutes celles du subjonctif présent) est la même
que pour les verbes du 1er groupe : on le doit faire figurer quand on a la succession "(voyelle) + N ou L ou
R ou D + (voyelle finale de l'infinitif, -e donc)". "corre/corsu" (k'òrrè/k'òrsu) bien que
ne présentant pas la succession en question nécessite un infixe. - tous les verbes en "-ghje" ou "-gne" final font "-gu" à la 1 ère personne du singulier du présent de l'indicatif (et -ga, -ga, etc) au subjonctif présent, voir plus tard) : "ghjunghje/ghjuntu -> ghjungu, ghjunghji, ...", "spegne/spentu --> spengu, spegni, ...", "strigne/strintu --> stringu, strigni, ...", "pienghje/pientu --> piengu, pienghji, ..." etc
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Signalons que "tene/tinutu" (t'ènè/tin'udu), qui signifie "1) tenir, garder; 2) conserver, garder", est utilisé aussi pour dire son attachement affectif à quelqu'un . On peut trouver la forme "ti tengu" (ou ti tene, vi tene, vi tinemu, ci tinite, etc) seule. On reviendra dessus. |
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vi tene caru (bi d'ènè g'aru = elle (ou il) vous aime | (à un homme) "caru" s'accorde en genre et en nombre |
ti tengu cara (ti d'engu g'ara) = je t'aime | (à une femme) |
"crede/cridutu" (cr'érè/crir'udu) veut dire "croire". Contrairement au français, il veut le subjonctif (non encore vu) et non l'indicatif dans une proposition subordonnée. On peut également trouver des constructions avec un infinitif comme en français, dans le cas où le sujet de "crede" est le même que celui de l'autre verbe. En revanche, cet infinitif est introduit par "di" (ou "d' ") devant une voyelle" : |
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crede d'esse malatu (crérè r'ésè mal'adu) = il croit être malade | On le verra bientôt, mais en corse les infinitifs après un 1er verbe sont presque toujours introduits par "di" ou "à" |
pensa di vene (p'ensa ri w'ènè) = il pense venir | cuntà/contu (cunt'a/c'ontu) = 1) compter (nombre) ; 2) conter, raconter ; 3) compter, avoir l'intention de |
conta di vince (c'onta ri w'inʃè) = il compte gagner | vince/vintu (b'inʃè/b'intu) = 1) vaincre, gagner ; 2) gagner (argent, ...) |
II
Exprimer une action après un verbe de déplacement : andà à, vene à, parte à, ghjunghje à
On a déjà vu que le verbe "andà" requerrait l'usage de la préposition "à" si l'on voulait ajouter un infinitif à la suite. On a également dit que c'était le cas de tous les verbes de déplacement. Voyons-en donc quelques autres :
(A) vene/vinutu (b'ènè/binu'du) = venir : |
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vengu à accuncià a televisiò (b'engu a akuntʃ'a a dèlèwizi'o) = je viens réparer la télévision | on entend couramment le gallicisme "riparà" au lieu de "accuncià" |
vinite puru à magnà (bin'idè b'uru a mmanɲ'a) = venez donc manger | la séquence -GN- est très nasalisée. Il faut imaginer que l'on a en fait "NGN" : magnà doit être lu comme mangnà |
(B) parte/partutu (p'artè/part'udu) = partir : |
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partu à circà u latte (p'artu a tʃirk'a u l'atè) = je pars chercher le lait (ou du lait) | circà = chercher a un participe passé court : cercu |
partemu à visità u museu (part'èmu a bizid'a u mus'éu) = nous partons visiter le musée. | visità = visiter est un verbe ighjincu |
(C) ghjunghje/ghjuntu (dj'unɲ'è/dj'untu) = 1) arriver, venir; 2) arriver, réussir : |
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ghjunghje à dorme (dj'unɲ'è a d'ormè) = il arrive à dormir ou il arrive dormir | selon le contexte |
ghjunghjenu à pone e pianelle (dj'unɲ'èn a p'ònè e bian'éllè) = ils arrivent poser le carrelage |
III
Les pronoms personnels compléments "renforcés"
On a vu récemment les pronoms personnels compléments dits "faibles". Voici la version "forte" de ces pronoms qui ne dépendent plus dans ce cas-là de la fonction (les pronoms "faibles" changeaient aux 3ème personnes du singulier et du pluriel selon qu'ils étaient COD ou COI) . Ils servent à renforcer, à insister, à enlever les ambiguïtés. | |
mi -> mè | moi |
ti -> tè |
toi |
li (COI), u, a (COD) -> ellu/ella | lui/elle |
ci -> noi |
nous |
vi -> voi | vous |
li (COI), i, e (COD) -> elli/elle | eux/elles |
Exemples : |
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mi piace à mè a cunfitura (mi bi'adƷè a mmè a gunfid'ura) = moi j'aime la confiture | le fait de trouver "mi" et ensuite "à mè" est redondant, et parfois considéré comme incorrect, bien que cette forme soit très courante dans la langue parlée |
ti chjamanu à tè (ti dj'amanu a tè ou ti dj'aman a tè) = c'est toi qu'ils appelent | |
partu senza ella (p'artu z'entza 'èlla) = je pars sans elle | |
parlanu di voi (p'arlanu ri w'òi) = ils/elles aprlent de vous |
Dans le cas de la préposition "cù" (ku) ou "incù" (ink'u) ou encore "ancù" (ank'u), qui veut dire "avec", on trouvera : |
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cù mecu (ku mm'égu) = avec moi |
On trouve en d'autres lieux
les formes moins "typées" "cun mè,cun tè, cun ellu/ella, cun noi, cun voi,
cun elli/elle".
Mais pourquoi alors ces formes "étranges" de type "cù mecu" etc? |
cù tecu (ku t'égu) = avec toi | |
cun ellu (kun'èllu) ou cun ella (kun'èlla) = avec lui ou avec elle | |
cù noscu (ku nn'osku) = avec nous |
Par
curiosité : "cù mecu" etc vous semblent sûrement redondants si vous pensez reconnaître "cù" dans "mecu" etc. Et vous avez raison : il s'agit en fait d'une forme très vieille, que l'on trouve notamment chez Dante, mais sans la préposition "cù" avant : "Però che ciascun meco si convene" (Dante, La Divina Commedia, Inferno, Canto IV), "perch'io sia giunto forse alquanto tardo, non t'incresca restare a parlare meco"(Dante, La Divina Commedia, Inferno, Canto XXVII) . L'ajout pléonastique de "cù" vient sans doute d'une mauvaise interprétation de la tournure. |
cù voscu (ku b'osku) = avec vous | |
cun elli (kun 'èlli) ou cun elle (kun'èllè) = avec eux ou avec elles |
Exemples : |
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vengu cù tecu (b'engu gu t'égu) = je viens avec toi | |
andemu cun elli (and'èmu gun 'èlli) = nous allons avec eux | |
parte cù noscu (p'artè gu nn'osku) = il part avec nous |